Syncrétisme religieux ou mimétisme
loge de la divinité thron kpeto deka alafia |
La
religion primitive du royaume du Dahomey
actuel république du Bénin est le culte des vodouns. Malgré la colonisation et
l’influence des religions occidentales, plus de 500 divinités y sont toujours
représentées). Le vodoun, qui fait partie des religions endogènes, occupe une place de choix au point que le
gouvernement, en 1992, sous l’impulsion de l’ancien Président béninois, Nicéphore Soglo a
déclaré
le 10 janvier, fête des
religions traditionnelles, désormais férié. Au nombre de ces
divinités le thron kpéto déka alafia.
ORIGINE DU THRON
Selon sokenou, un prête
du Thron Kpeto Déka Alafia,
le Thron incarne l’esprit
d’un homme mystique appelé Mama Séïdou. Son origine serait inconnue. Cet homme,
dont l’histoire raconte la bravoure, aurait délivré les habitants de la Mecque
en Arabie Saoudite, d’un esprit maléfique incarné par un caïman. Il disparu puis
réapparu dans plusieurs pays d’Afrique. Le dernier serait le Ghana. Il a été introduit
au Bénin il y a environ quatre décennies. On retrouve désormais ce fétiche dans presque tous les départementsdu pays.
Regard du béninois par rapport au Thron Kpeto Déka Alafia
Le Thron Kpéto Déka Alafia est une
ramification de la divinité thron. Ses adeptes se reconnaissent à leurs
accoutrements : le port du blanc, l’usage des perles, de la poudre et du
parfum. L’avènement de la fête des religions traditionnelles aura permis à plus
de Béninois de connaitre ce fétiche et d’apprécier ses manifestations.
Yémalin Adantotodé est médécin, né dans une famille ou se pratique le thron. Il
a longtemps étudié en Europe.
Selon ce médecin, la
tradition en elle-même n’est pas mauvaise, mais ce sont les hommes qui en font parfois
un mauvais usage. L’oracle, le FÂ, qui est le canal
de communication entre ce fétiche et ses adeptes peut même rendre service a la science.
Selon lui, la pratique du thron n’est forcément fanatique et peut accompagner
la médecine : il lui arrive de consulter le fâ avant une intervention
délicate.
Alvine .C est
étudiante. Elle a des amies adeptes du Thron Kpéto Déka Alafia.
C’est beau
de suivre les rituelles de chants et de
danses dédiées à cette divinité mais en être une adepte serra forcement contraignant .Le
thron à des interdits stricts surtout en ce qui concerne la femme en menstrues,
mise à l’écart pendant toute cette période, elle ne doit pas s’assoir au même
endroit que les autres adeptes ou membres de sa famille, ni puiser de l’eau ou
préparer à manger même pour ses enfants. Pour elle c’est une discrimination
qu’elle ne peut tolérer dans une religion
Selon Hounon gbènahin, prête du thron, le
Vodoun Thron Kpéto Déka Alafia
est le fétiche du Bonheur. Il symbolise la patience et le courage. Les béninois doivent sauvegarder leur richesse culturelle aux dépens
d'autres cultures qui ne font
qu'arriérer le continent africain
Le Thron Kpeto Déka Alafia et les religions importées
Le Thron selon ses
adeptes lutterait contre les mauvais esprits, l’envoûtement, l’empoisonnement
et la sorcellerie. Le Thron serait un intercesseur entre Dieu et les hommes. Son histoire se rattache
à celle des grandes religions : l’islam et le christianisme.
Le Thron Kpeto Déka Alafia et l’Islam
Les adeptes du Thron comme
les musulmans et comme Mama Séïdou,
qu’ils considèrent comme 7ème prophète de son époque, observent le
Ramadan ou l’Aid El filtr, les 30 jours de jeûnes fermes, avec au moins deux
prières par jour, et la fête de la Tabaski ou l’Aid El Kébir où ils immolent le
bélier en sacrifice (holocauste), un rituel tiré de la tradition israélite.
Pour les dignitaires du Thron, le Ramadan permet une purification, une
sanctification des adeptes et est considéré comme un jour de grâce, d’où l’obligation
de l’offrande et du partage du bélier avec les pauvres.
Le Thron Kpeto Déka Alafia et le christianisme
De plus, à l’image
des chrétiens qui célèbrent la nativité
du Christ, les 24 décembre au soir dans les Eglises et les temples, les adeptes
du Thron exécutent une prière spéciale sur quelques places publiques. Ces Cérémonies dites ‘’HONTO’’ chez les GOUNS, une ethnie du sud du Bénin est dénommée de façon générale Christmas chez les adeptes. Selon Djossou Métonou,
grand prêtre Thron Kpeto Déka Alafia, ce rituel
marque le début d’une année
nouvelle pour l’adepte, c’est un jour
idéal pour confesser ses péchés,
faire le bilan de sa vie afin de
recevoir des énergies positives.
Le Thron Kpeto Déka Alafia vers un syncrétisme religieux.
La
coexistence entre les différentes religions au Bénin est pacifique. Même si le
vodoun est pratiqué par une frange importante de la population, il n’en demeure
pas moins que son concept échappe au citoyen moderne du fait des mythes qui
entourent les rituels pratiqués. Aujourd’hui, certains chefs religieux, les
plus malins, cherchent à se positionner sur le marché des croyances endogènes
dans le contexte de la mondialisation. Ainsi, l’ouverture au monde et une
influence des religions importées donnent un métissage des pratiques dans des couvents
du Vodoun. Le thron Kpeto Déka Alafia en est
un exemple. Dans certains temples au sud du
Bénin, on célèbre tous les dimanches à la manière des chrétiens, un culte à
l’esprit thron.
A Dowa, dans un quartier
de Porto-Novo, la capitale du Bénin, K.Sèdjro assiste au culte dominical thron.
Les femmes assises d’un coté et les hommes de l’autre attendent le maitre de cérémonie.
Soudain, le kpindjigan (le
responsable de l’autel) annonce sa venue. Le culte démarre alors selon un ordre
précis : la rémission des péchés, la prédication, la prière universelle,
la communion avec le partage des colas et la quête. Tous ces différents moments
entretenus par les mélodies d’une chorale.
Pour K.Sèdjro, ce syncrétisme
religieux vise à protéger la jeune génération des adeptes de l’influence des cultures occidentales,
surtout en milieu urbain. Une influence qui
amène les jeunes à se convertir à l’islam ou au christianisme. Les dignitaires ont donc trouvé des moyens modernes et
moins contraignants d’adorer le thron kpeto deka alafia. Ils essayent d’expliquer
l’importance du thron, afin d’éviter les
amalgames dont leur culte est l’objet. Ils s’efforcent donc d’en mettre en
avant l’utilité et les bienfaits. Ils expliquent la spécificité de leur divinité.
Il est plus commode pour les pratiquants
d’aller dans les temples habillés soit en tenues traditionnelles, soit en
tailleur. Cette tolérance de la modernité dans les temples du thron kpeto deka
alafia semble dissiper la crainte des curieux qui vont à la découverte de cette
divinité.
En 1992,
la religion traditionnelle était la plus répandue au Bénin Le recensement de
1992 estimait la proportion des adeptes du Vodoun à 35% de la population. Mais
la stigmatisation dont sont victimes les adeptes, du fait de la diabolisation
de certains de leurs rituels ont amené beaucoup d’adeptes à se convertir soit
au catholicisme ou à l’islam. Ainsi sur un recensement général de la population
effectué en 2002, les adeptes des religions traditionnelles représentent 23.3% de
la population. Ils viennent en 3ème position derrière les
catholiques et les musulmans, qui représentent respectivement 27.1% et 24.4 %
de la population. Distancée par les religions dites importées, les cultes
traditionnels semblent traverser une crise socioculturelle ou identitaire surtout
en milieu urbain. Ce syncrétisme religieux qui prend de l’ampleur, dans des
temples vodoun ne va-t-il pas vider la religion traditionnelle de son
contenu ? Suffit-il d’un syncrétisme religieux pour maintenir la jeune
génération des adeptes du vodoun dans la tradition ? .
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